Je suis épuisé(e) mais je n’arrive pas à dormir : pourquoi ça m’arrive ?
- Camille JULIE
- 2 juin
- 4 min de lecture

Ce que vivent mes patients, c’est ce paradoxe difficile à comprendre de l’extérieur : « Je suis épuisé(e) mais je n’arrive pas à dormir. » Cette phrase, ils la répètent souvent avec incompréhension, et parfois même avec honte. Pourtant, c’est une réalité très fréquente en cas d’insomnie chronique. Ce n’est ni un manque de volonté, ni une exagération : le corps est vidé, mais le sommeil ne vient plus.
C’est une plainte récurrente chez les personnes en insomnie chronique. Et c’est aussi un paradoxe épuisant, au sens propre comme au sens figuré.
Pourquoi est-ce que le sommeil vous fuit, alors que vous êtes à bout ?
C’est ce que je vous propose d’explorer dans cet article.
1. Le paradoxe : être vidé(e) mais incapable de dormir
Quand on est épuisé(e), on s’attend à s’endormir comme une masse. Mais chez beaucoup d’insomniaques, c’est tout l’inverse.
« J’ai l’impression que plus je suis fatiguée, moins j’arrive à dormir. »
Et pourtant, l’entourage a souvent une réponse toute faite :
« Mais si tu étais vraiment fatiguée, tu t’endormirais. »
Cette phrase peut sembler logique…Mais elle est totalement à côté de la réalité de l’insomnie chronique.
Elle entretient l’idée que le problème est dans votre tête, ou que vous n’avez pas “assez envie” de dormir.Alors qu’en réalité, le système de sommeil est bloqué, comme un réflexe qui ne répond plus.
2. Le corps en mode survie : quand la machine s’emballe
Ce blocage ne vient pas toujours d’un stress psychologique.Certaines personnes ne se sentent pas spécialement stressées, mais leur sommeil est tout de même absent.
Ce qui se passe souvent, c’est que le corps, pour tenir malgré le manque de sommeil, s’emballe.
Il se met à produire davantage de cortisol, une hormone qui nous aide à rester éveillés.Le problème, c’est que cette montée de cortisol nous pousse à fonctionner la journée, mais nous empêche de lâcher prise le soir, même quand on est épuisé(e).
C’est le cercle vicieux de l’insomnie : Moins on dort, plus le corps produit de cortisol pour nous maintenir éveillés. Plus le cortisol monte, plus l’éveil s’installe… Et plus le sommeil se fait désirer.
Quand on en est là, c’est souvent le signe que le rythme veille-sommeil est totalement désynchronisé.
Un cercle vicieux bien connu des insomniaques

Le manque de sommeil entraîne :
une fatigue chronique,
une hypersensibilité au stress,
et une suractivation hormonale (notamment du cortisol).
Et le stress, à son tour, perturbe encore davantage le sommeil. Si ce sujet vous parle, vous pouvez aussi lire mon article : Insomnie et stress : pourquoi votre cerveau refuse de s’arrêter ?
ZOOM – LE RYTHME DU CORTISOL, NORMAL OU DÉRÉGLÉ ?
Le cortisol, qu’on appelle parfois “l’hormone de l’éveil”, suit un rythme bien précis :il commence à monter avant le réveil, atteint un pic environ 30 à 45 minutes après,puis redescend lentement tout au long de la journée.
Mais en cas de dette de sommeil importante ou d’épuisement chronique, ce rythme peut se dérégler.Le corps produit alors du cortisol en continu, pour nous maintenir éveillés… même quand on est épuisé(e).
C’est pourquoi certaines personnes présentent des taux élevés de cortisol toute la journée,et parfois même une remontée en fin de journée, qui bloque l’endormissement.
→ Pour en savoir plus sur le pic matinal de cortisol, voir cette publication scientifique (en anglais).
3. La sieste : un des outils puissants parmi d'autres
pour retrouver le sommeil
Face à ce cercle vicieux, il existe un geste simple, souvent négligé : la sieste courte.Mais attention, il y a des règles.
Trop souvent, on voit la sieste comme un luxe, une faiblesse, ou un truc de fainéants.En réalité, c’est un outil de régulation biologique puissant, à condition de l’utiliser correctement.
Comment bien faire une sieste quand on est en dette de sommeil ?
Avant 15h : pour ne pas décaler le rythme circadien
20 minutes maximum : pour ne pas plonger dans un cycle de sommeil profond
Dans un endroit calme, si possible en dehors de la chambre (pour ne pas créer de confusion mentale avec la nuit)
Une bonne sieste permet de : faire baisser légèrement le niveau de cortisol, offrir un temps de repos réel au système nerveux, relancer doucement le réflexe du sommeil.
Et si je n’arrive plus à m’endormir, même l’après-midi ?
C’est très courant quand on est en grande dette de sommeil.Mais ce n’est pas un problème.
Le but de la sieste, dans ce cas, ce n’est pas forcément de dormir, mais de faire une vraie pause sensorielle : sans écran, sans son, sans stimulation.
Juste s’allonger, se poser, même si le sommeil ne vient pas.C’est ce qu’on appelle parfois une “sieste passive” : elle reste bénéfique pour reposer le cerveau.
Et petit à petit, à force de répéter ce moment chaque jour,le sommeil peut recommencer à se manifester.
4. Ce n’est pas une question de volonté, c’est un système à réparer
Quand on n’arrive plus à dormir malgré l’épuisement, ce n’est pas un problème de motivation, ni forcément un blocage psychologique. C’est que le système veille-sommeil est enrayé.
Le sommeil, ce n’est pas un bouton à enclencher.C’est un rythme biologique à rééduquer.
Avec les bons repères, les bons gestes, et parfois un accompagnement sur mesure,il est possible de sortir du cercle vicieux et de retrouver un sommeil plus naturel.
Besoin d’un accompagnement personnalisé ?
Si vous êtes dans ce cercle vicieux depuis longtemps, vous n’avez pas besoin de tout faire seul(e).Je peux vous aider à comprendre ce qui vous empêche de dormir, et vous guider pas à pas pour réapprendre à dormir naturellement.
Et si vous sentez que vous avez besoin d’un accompagnement plus personnalisé, je vous propose un premier échange gratuit de 10 minutes : un temps court mais précieux, pour voir ensemble si je peux vous aider.
En attendant, prenez soin de vos nuits (et de vos jours)
Camille JULIÉ, Thérapeute des troubles du sommeil
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